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L’ARRIVÉE AUX ÎLES


À cinq heures de l’après-midi, l’Oyapok siffla.

De tous les bateaux qui labourent les vastes mers, l’Oyapok est le plus nauséabond.

Huit jours après l’avoir quitté, son souvenir vous poursuit encore.

Cependant, je courus pour ne pas le manquer.

Il allait m’emmener aux îles du Salut.

Quand un forçat joue le tout pour le tout, il s’écrie : « Ou les Bambous ou les îles !… » Les Bambous, c’est le cimetière ; les îles, c’est la réclusion. Ils les appellent aussi : la guillotine sèche.

Les îles sont trois rochers groupés en pleine mer : l’île Saint-Joseph, l’île Royale, l’île du Diable. C’est une terre réprouvée. Nul bateau n’a le droit d’en approcher, nul voyageur d’y poser le pied. On passe au large.

Ce soir, l’Oyapok s’arrêtera un moment entre Royale et Saint-Joseph, pour m’y laisser tomber.

Un canot sera là vers dix heures et me recueillera.

L’Oyapok emportait une clientèle ébouriffante