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LA CHINE EN FOLIE

essuya, pour mieux me regarder, les verres de ses lunettes, se leva et dit :

— Confrère blanc, tu juges sans réflexion. Les sujets de Tsang tremblent, dis-tu. S’ils tremblent, ce n’est pas parce qu’ils sont les sujets de Tsang, mais parce qu’ils ont toujours tremblé. Aujourd’hui, le maître s’appelle « toukiun », autrefois il portait le nom de mandarin. Le Chinois a passé sa longue vie à ramper devant tous les seigneurs pour éviter leurs fantaisies cruelles. S’il ne tremblait plus, c’est alors qu’il y aurait du changement et que tu aurais le droit de t’écrier : La Chine est en décomposition. C’est l’anarchie !

Le toukiun impose le peuple, dis-tu. À quel moment le peuple n’a-t-il pas été imposé ? Et que ce soit par le toukiun où le gouvernement, si le pirate n’exige pas davantage que le protecteur, quelle différence veux-tu que le peuple y trouve ?

Quant à l’épisode des femmes et des puits, sache que ce n’est pas là une affaire gouvernementale. C’est une vieille coutume nationale. De tous temps, beaucoup de femmes, à un certain détour de leur existence, ont épousé les puits, de gré ou de force. Et, crois-moi, à la minute où nos chères compagnes se laissent glisser dans l’eau potable, il ne leur vient pas à l’idée de se dire