Page:Londres - La Chine en folie, 1925.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

158
LA CHINE EN FOLIE

tres, c’était à la fois des bruits tenant de la scie mécanique, du tir forain, du lion affamé, de l’évier qui se gargarise, et de l’océan, à minuit, quand il est en fureur. On entendait aussi la danse osseuse de dominos mêlés avec passion sur une table de bois. C’était des Célestes qui jouaient au Mat-Hiang jusqu’à la perte de leur unique casaque. Soudain le miaulement glacé d’un chat qu’on étrangle : le violon à une corde !

Des bouffées écœurantes où l’on démêlait l’odeur de graisse de requins et celle de vieux fards rances vous suffoquaient de mètre en mètre. Dans ces houtongs les Chinois ne marchaient pas. Ils ne couraient pas non plus. Ils allaient d’un train qui est uniquement chinois et qu’eux-mêmes n’adoptent que le samedi soir, quand ils vont faire la noce à Chien-Men : ils serpentaient. Ils vous passaient sous le bras, sous la jambe. Vous serriez à droite, ils glissaient à gauche comme au Palais de Glace. Le dragon du plaisir les piquait aux fesses du bout de sa langue. Dans les quartiers de nuit de notre Europe on rencontre des fêtards hésitants. Les Chinois, eux, savent tous où l’amour les attend. Ils y vont comme une flèche.

Des chanteuses couraient ces houtongs, accompagnées de leur musicien au boyau de chat. Petits