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LA CHINE EN FOLIE

de France qui s’en allaient, dans ce tintamarre, désabusés et soûls d’avance.

Ils marchaient comme tous les soldats qui sont très loin de leur pays, c’est-à-dire qu’ils avaient l’air de circuler dans le vide. Il semblait qu’en soufflant sur eux on les verrait s’évanouir.

Je les suivis. Il est des moments où l’on a besoin de se rapprocher des siens. Tel raseur que vous fuiriez sur les boulevards vous apparaît une providence sous d’autres cieux. Vous le nourrirez, au besoin, toute la journée, pour être sûr de le posséder le soir venu.

Ce n’était pas trois marsouins de la vieille ! Comme tous les gens qui n’ont pas de soucis, ils cheminaient très absorbés. Un chien passa, ils regardèrent longuement passer le chien. Ils ne se parlaient pas, mais la cadence semblable de leur marche les unissait mieux que s’ils se fussent tenus tous les trois par la main.

Ils voulaient boire. Cela seul était clair. Où ? Ils s’arrêtèrent une première fois et, en silence, ils hésitèrent face au gourbi. Aucun ne s’étant décidé, les trois repartirent par le houtong.

Soudain ils avisèrent un long couloir éclairé. Qu’était-ce ? Il se consultèrent du regard. Ça leur allait. Ils le prirent. Je les suivis. Au bout de ce