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LA CHINE EN FOLIE

l’ Chinois ! dis-lui qu’elle chante comme au village, pour les marsouins.

La fille chanta.

— On sait pas c’ qu’elle dit, mais on comprend qu’ c’est triste.

Trois marsouins, la nuit noire, dix filles bon marché de la Corée, cette cour qui semblait celle d’une léproserie, tout cela dans ce quartier hagard de Pékin…

— J’aime boire quand elle chante, dit Jumeau.

La fille s’arrêta.

— Chante encore ! Chinois, dis-lui qu’elle chante !

La fille chanta. C’était un air de désolation.

— Vois-tu, Vittel, c’ qu’elle chante, ça veut dire qu’elle regrette son pays.

Moi, je revis Paris. Soudain la place du Havre m’apparut. Je pris par la rue Tronchet, je tombai derrière la Madeleine, je regardai la statue de Lavoisier. Puis, j’entendis le timbre du tramway Madeleine-Porte de Neuilly. Je continuai par les grands boulevards. Je vis la lumière lie de vin du balcon de l’Opéra. Je tournai faubourg Montmartre. Je regardai l’heure à la pendule, entrée de la cité Bergère…

— Qu’est-ce qu’elle dit ? demanda Vittel.