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LA CHINE EN FOLIE

Les Célestes montaient, descendaient, s’entre-choquaient, patinaient, fonçaient, hurlaient, jetaient des matelas par les fenêtres, cassaient des assiettes, tiraient des femmes, des enfants et des coups de fusils ! Ils chargeaient sur leur dos des armoires, des lits. Tous les véhicules nationaux étaient sortis des hangars. Les rickshaws fendaient la foule. Les chaises à porteur houlaient, les brouettes gémissaient. Dans la panique, on avait attelé les chameaux aux voitures à bœufs, les bœufs aux voitures à ânes, les ânes aux voitures à bras. Sur l’épaule, les bambous porteurs pliaient sous des poids écrasants. On fuyait à cheval, en voiture, et sur des vélocipèdes. Les chiens fidèles et essoufflés essayaient de suivre le derrière en feu de leurs propriétaires. Sur les ailes des toits miaulaient les chats. Lorsque Sodome et Gomorhe brûlèrent, on ne vit pas, vers la sortie, pareille bagarre !

Ils s’appelaient. Ils s’insultaient. À sept heures du matin, on entendit distinctement le canon. Le peuple de Pékin arrêta soudain sa course, s’immobilisa et glapit. Tsang-Tso-lin ! Tsang-Tso-lin ! C’était la même intonation de frayeur qu’aurait certainement Lucifer s’il apercevait de nouveau sur sa gorge la lance de l’archange Saint Michel !

M. Pou tremblait dans sa casaque. Il avait en-