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LA CHINE EN FOLIE

— Konnitchiwa (bonjour), me dit-il.

— Tiens, fis-je au coolie, regarde : trois dollars !

Nous sommes tous ainsi au début des voyages. Ce n’est qu’après, à l’heure de prendre notre grand crayon — notre grand crayon à faire les additions — que nous regrettons de n’avoir pas amené un mathématicien dans nos valises… mais après !

C’est beau une chambre ! Hélas ! j’allais encore avoir froid. J’en étais sûr. J’ai toujours froid depuis que j’ai perdu ma bien-aimée couverture. Je l’ai oubliée, une nuit maudite, à Abo, en Finlande, sur le sale comptoir d’une douane maritime.

Elle venait de Salonique. Un bon juif me l’avait vendue. Fidèle compagne, chaude et légère, je l’avais entraînée à travers le monde pour une course de soixante-six mille kilomètres. Je l’aimais. Elle avait couché avec moi dans toutes les capitales d’Europe, connu les Balkans et ses typhus, l’Orient et ses quarantaines, les ponts de bateaux, les palaces et les kans nauséabonds. J’avais su la sauver des théories de Karl Marx, un matin de perquisition, dans le Moscou de la terreur. Pour qu’elle fût bénie, je l’avais prêtée, sur la route de Jérusalem, à Son Éminence le cardinal Dubois. Et Son