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LA CHINE EN FOLIE

France, C’était le dernier. Un barman des Messageries Maritimes m’en avait cédé quinze, l’autre mois à Yokohama — que son nom que j’ignore soit béni ! — et la manufacture française de tabac également !

Tsang-Tso-lin emprisonne les petites femmes russes dans mon hôtel ! Que veut-il en faire ce vieux magot ? Je traversais terrain vague sur terrain vague. Tous les cent mètres, une pauvre flamme grelottait dans une lanterne. Je ne savais pas où j’allais. C’était l’une de ces nuits où l’on ressent que le monde est trop vaste. Il y a des gens qui disent qu’il est petit. Petit ? Ils n’ont donc jamais essayé de le prendre dans leurs bras ?

Quand je passais devant une maison, je la regardais. Soudain je lus sur l’une d’elles : Banque Industrielle de Chine. Je tombais en extase. Banque Industrielle de Chine ! J’avais retrouvé mon parler ! Je me sentais moins orphelin. Elle a fait faillite, me dis-je, voilà qui m’est égal ! Et je répétais la phrase comme j’aurais dit le nom de ma mère. Puis je vis un train qui s’en allait. C’était le transmandchourien descendant vers la Corée… Un train ! ma seconde patrie !

Je revins à l’hôtel. Dans la capitale du roi des pirates la Russe n’avait pas peur des voleurs. Sa