glais pour des cousins de Berlin, de Varsovie et même de Constantinople. En épousant le costume européen, le Juif de l’Est épouse l’Europe et l’Amérique !
Nous arrivions à Oradea-Mare. Quand les trains, au lieu de suivre l’horaire, s’amusent à chasser la neige, ils ne se rendent plus compte des dates. Celui-ci avait perdu vingt heures à se livrer à son sport d’hiver. Il nous déposait, l’inconscient, à cinq heures du matin, en Transylvanie.
Il ne déposa nulle autre personne, car nous n’étions que tous les deux. Les trains ne trouvent pas toujours des fous à mettre dans leurs compartiments ! Dire que les gens que nous venons voir sont originaires d’un pays chaud !
À l’horizon, ni Juif, ni Roumain, ni cheval, ni traîneau ; seule une lumière au-dessus de la porte de sortie, et, pour nous recevoir, un thermomètre marquant — 29°. Nous étions frais !
Pas plus que moi Ben ne connaissait Oradea-Mare. On ne savait même pas de quel côté se trouvait la ville. « Si vos parents sont morts, dis-je à Ben, ce qui après tout est bien possible, que sommes-nous venus faire sur ce glacier ? — À cette époque, répondit Ben, partout où vivent les