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LES COMITADJIS

autres, roule dans la 336, sent subitement la faim le travailler. Voilà justement un moulin sur le bord de la route, et ce moulin est la propriété de son beau-frère.

— Halte ! crie-t-il, allons manger et boire un coup !

La mission du lieutenant est impérative. Il doit, sans délai, remettre son pli au commandant de la place de Kustendil. Mais la faim d’un colonel passe avant le devoir d’un lieutenant. L’auto s’arrête. Le trio est au pays de la Liberté ou la Mort.

Voici le moulin. Les voyageurs y pénètrent. Ni meunier, ni meunière. Huit barbus armés. Le colonel arrache le pli des mains d’Alexeïeff :

— Par ordre de la place de Sofia, dit-il, vous êtes inculpé d’espionnage.

Et désignant le civil :

— Monsieur est chargé de l’instruction.

Markoff, le civil, était un comitadji.

L’armée venait de livrer un des siens au Comité révolutionnaire macédonien.

Kroum Alexeïeff dit qu’il n’est pas espion. On l’entend crier :

— Je suis officier. Quoi que l’on pense de moi, je ne puis être entendu que par mes supérieurs.

— Ta gueule ! renvoie Markoff. Dis-moi tes complices.