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LES COMITADJIS

tu continues de frapper de ton petit pied, j’irai chercher le comitadji. » Les hivers aux longues nuits, le grand-père conte une histoire devant le feu qui danse sur le bois. C’est toujours un récit de comitadjis. Et comment, en 1903, ils faillirent envoyer le Guadalquivir, vaisseau français, au fond de la mer Égée. Et combien il leur fallut d’héroïsme, à Salonique, pour faire sauter la Banque ottomane. Et pourquoi ils attaquaient les trains entre Serrès et Constantinople. Et Kroum coupant la tête de son ami Todor et l’emportant avec lui pour que les Turcs, trouvant le cadavre, ne puissent lui cracher au visage. Et Apostol et sa compagnie retranchés dans les îles flottantes du lac d’Argent et tenant en respect pendant deux ans, le gouvernement du padisha. Et comme ils savaient bien se déguiser en femmes musulmanes ! Et comment les paysans, leurs admirateurs, les prévenaient de la présence des Turcs en leur disant : « Les chèvres viennent de dévaster la région. » Et de la présence des Grecs par cette autre phrase bucolique : « Les moutons descendent la colline. » Et les Koutso-Valaques, qui, pour éviter l’impôt, confiaient leurs troupeaux aux haïdoucs, et les haïdoucs recevant en récompense un petit peu de la laine pour tisser leurs habits !

Le grand-père connaît tout. Du passé, il re-