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LES COMITADJIS

pas, guet-apens. Innocemment, j’ai pris le sale couloir qui y conduit. Pas de guichets à la porte. J’ai voulu la franchir, mais un gardien demanda ma carte. J’ai feint de croire qu’il réclamait le prix de la place ; j’ai tendu cinquante levas. Il a souri et m’a remis dans le droit chemin.

Le sous-sol de ce cinéma est-il la morgue de l’Orim ? Des cadavres décapités y blanchiraient. J’ai reniflé et n’ai rien senti.

Là, les volets sont mis. J’arrive trois mois trop tard : C’était la salle « Panah » ou les voïvodes toutes les nuits, jouaient au « chemin de fer ». Ils donnaient et tenaient les cartes d’une seule main ; l’autre, qu’ils avaient sous la table, serrait leur revolver. Ce spectacle, de plain-pied, démoralisait les simples soldats. On transféra le tripot rue Isker, sous les toits.

Là, le café « Zagreb ». Ses habitués sont les « écouteurs » d’Ivan Mikaïloff. Ils se promènent du matin au soir pour surprendre le secret des conversations. On y conduit les néophytes, à qui l’on « confie » les suspects. Regardez-les bien, leur commande-t-on, fixez leurs traits dans votre mémoire, devenez familiers de leurs habitudes, sachez où les retrouver à toute heure.

« Makedonska », un grand café. Dix-sept clients occupent treize tables. Pauvre patron ! Pas