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LES COMITADJIS

graphe se mit à tourner sur le comptoir. Est-ce un vrai, au moins, me demandais-je d’une voix toute changée ?

Passons dans l’autre camp. L’antre révolutionnaire macédonien abrite les deux frères ennemis. Ce que nous venons de voir est à Vantché. Là, rue d’Isker, est « Zlatitza », quartier général de Protogueroff, revivant dans ses disciples. C’est un café-restaurant. Les malheureux ont lutté pour conserver ce dernier bien de famille. La tente des vaincus étant toujours plus bruyante que celle des vainqueurs, c’est fort animé. Les uns sont pour la paix, les autres pour la bataille. Chacun, autour des tables, développe son raisonnement. Les chefs fouettent les courages défaillants. L’alcool raisonne la peur. Des chansons retendent les nerfs. À la fin, les vaincus rechargent leurs revolvers contre Vantché !


Huit heures et demie. Les établissements se vident et les rues se peuplent. Nos vieux amis, ceux qui de leur dos étayaient les murs, les équilibristes de bordure de trottoir, les poètes de cul-de-sac, les non-buveurs des cafés, les étudiants du cinéma Ardo, les artificiers de l’ « Italie », tous se dispersent, se hâtent, s’envolent. Où courez-vous, jeunes gens ? Ralentissez, que je vous suive.