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TERRE D’ÉBÈNE

Les femmes de Tombouctou, les Fachis, ont revêtu leurs plus beaux boubous. Le linge est bien empesé. Le cimier de leur coiffure est refait du matin même ; trois boules de cheveux, tressés de laines multicolores, courant sur la fière arête. Leur or est aux oreilles, leur argent qu’elles ont mis en bracelets est à leurs poignets et à leurs chevilles. Celles qui ont un parapluie sont encore beaucoup plus belles ! Elles surgissent des portes basses de leurs maisons, emplissent les ruelles, gagnent le désert. Elles vont, en chantant, recevoir l’Azalaï.

— Haré ! Haré ! disent-elles (Chantons ! Chantons !). Les caravaniers sont des hommes magnifiques. Nous leur apporterons de l’eau pour se laver. Et si celui qui me choisit est le plus beau, je sais bien ce que je lui donnerai.

Elles vont, s’éventant de leur éventail de fibres de palmiers.

— Haré ! Haré ! L’homme de l’Ouest est un bel homme. S’il est voilé c’est pour que ses lèvres n’aient pas le goût du sable !

Elles sont toutes là, les sonraïs, toutes les jeunes !

— Haré ! Haré ! L’homme des puits a beaucoup de cadeaux, moi je n’ai que seize ans et pas d’enfant au dos !

Le soir de l’Azalaï, les Kanambous, les maris, ne dorment pas dans la case de leur femme.

— Haré ! Haré !