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TERRE D’ÉBÈNE

Et les cuillers, et les fourchettes, et les assiettes ?

Ils ne mangeaient pourtant ni le fer ni la porcelaine. Et le verre ? Quel estomac sans en avoir l’air !

Pas même une canne à pêche qui me permettrait de fouiller le Niger pour y chercher ma nourriture !

Ils m’ont laissé un couteau, le plus pointu, sans doute pour me permettre d’en finir avec mon désespoir.

Éminentes dames, illustre ami, je ne vous avais cependant rien fait !


Les laptots, sur le pont, étaient en train de s’empifrer de couscous. Un nègre mange comme dix blancs. Pendant le temps que nous avalerions trois crevettes, ils s’envoient des kilos de mil dans l’estomac. Ce soir, pour me narguer, ils mangeaient encore davantage ! Une boule n’attendait pas l’autre. Ils y allaient des deux mains. « Fais-moi goûter ton truc », dis-je au chef. Il me pétrit une belle boule, bien ronde, bien sale. Je l’essuyai. « Bon ! faisait-il, bon couscous ! » Cela ne pouvait passer. C’était comme du sable arrosé de sueur. « Donne un franc, demain tu auras poulet. » Demain !

Je recommençais les recherches. Rien sous le lit, rien au plafond. Il ne restait décidément que