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XVI

SA MAJESTÉ

Un vendredi matin. L’allée sans fin, sans ombre et sans merci d’Ouagadougou est vide. Elle est vide comme elle l’est un lundi, un mardi, du mercredi au dimanche, non seulement le matin, mais l’après-midi, le soir, la nuit. Fascinée par le soleil, elle dort.

Il sera bientôt dix heures. Là-bas, au fond, à quinze cents mètres, une poussière monte de la route, marche au pas, se rapproche. Un groupe compact s’en dégage. On voit des hommes à cheval, d’autres à pied. La vision se précise. Les gens à pied gesticulent comme des épouvantails mécaniques. Ils ne peuvent chasser que les mauvais esprits, puisque en dehors d’eux il n’y a personne. Ils crient. Une musique s’échappe d’instruments en fer-blanc. Les peaux de bœuf des tambours résonnent sous des mains nerveuses. Un parapluie domine la cavalcade.

Vendredi ? C’est bien cela, le Morho Naba se