Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
TERRE D’ÉBÈNE

oublié, vous me pardonnerez ; mais je crois qu’il n’a pas d’autre emploi), s’approche et dit :

— Sire, ordonne qu’on desselle ton cheval ; tu t’en iras demain.

Aller à Lâ veut dire partir en guerre contre le Morho Naba d’Ouhahigouya, son éternel ennemi. Naba Kôm lâche la bride, fronce les sourcils. La cour s’aplatit. Il frappe deux fois du pied, fait sauter d’un poing puissant la corbeille de la Pugtiema, et, violemment courroucé, maudissant les lâches qui l’empêchent d’accomplir son devoir, il rentre précipitamment dans son palais.

Ses soronés le suivent. Ce sont de jeunes garçons, de huit à quinze ans, choisis parmi les plus jolis. Ils ont, entre autres tâches, celle de lui verser à boire, de déplacer son coussin, sa natte, de porter son parapluie (ils pourraient bien le recouvrir), son sabre, de tenir les étriers, de précéder les visiteurs, et, les plus jeunes, de coucher au palais. Coiffés comme les femmes, ils portent comme elles aux poignets et aux chevilles les mêmes gros bracelets de cuivre. Défense leur est faite de fréquenter les femmes. Chaque année, le Pouy Naba, le chef sorcier, leur impose, ainsi qu’aux femmes, l’épreuve de la calebasse. Suivant la manière dont le visage se reflète dans l’eau, femmes et soronés sont déclarés innocents ou coupables. Les volages sont mis à mort. Nous inter-