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TERRE D’ÉBÈNE

sommation » ? Moi, je suis Muss. Je ne me suis pas toujours bien conduit en France. Il y a un banc de cour d’assises dans mes armoiries. La forêt me réhabilite.

— Alors, vous êtes prospecteur ?

— Maintenant. Avant j’étais chef de chantier. On m’appréciait. Quel as je faisais ! Les noirs avaient peur de moi. Ils m’appelaient la Panthère. On dit que je suis brutal. Non ! Mais j’ai quelque chose dans les yeux, je les foudroie du regard. Ils disaient : « Missié Muss connaît « bon manière ». Je commence à me vider, pourtant. C’est que le climat use, par ici ! Mais, parole ! si je me voyais obligé à me faire rapatrier comme indigent, je me mettrais une balle dans la tête. Ne sciez jamais le bois, vous entendez, ça le fait fondre. Équarrissez sur place et faites tirer à temps. Là, plus de préjugés, faites tirer avec ce que vous avez sous la main, hommes, enfants, femmes, même si elles ont un gosse dans le ventre ou dans le dos. Tant pis ! si les seins tombent et raclent la terre. Avant tout, sauvez la bille ! Un jour, je suis allé dans un village, j’ai pris les femmes, je les ai attachées à mon automobile. Je commençais à démarrer. Alors les hommes, qui s’étaient cachés, accoururent pour ravoir leurs femmes. Ainsi j’ai « coxé » les mâles. Un autre conseil : au lieu de trop taper dessus, arrosez-leur