Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
TERRE D’ÉBÈNE

Les contreforts du Mayombe résonnèrent de mots bien français. Sous la voix et le regard du blanc, les vingt-sept Loangos, comme des chiens qui viennent se faire battre, rejoignirent le hangar.

— C’est une occasion, dit mon compatriote. Un blanc est en panne chez moi depuis dix jours, et de plus tous mes noirs claquent à Montzi. Je n’ai pas de médicaments. Il en manque partout, alors dès qu’une caisse part pour un poste, les autres postes la visitent et il n’arrive plus que du coton ! Ils vont transporter mon blanc et mes moribonds à M’Vouti. Voyez-vous, un nègre, ça se fane comme une fleur ! Le soir, il est en bonne santé, le lendemain il tremble ; le troisième jour, il déraisonne ; le quatrième c’est fini ! Moi je crois que tous meurent d’ennui ou de méningite. En tout cas, j’en ai assez ; Le matin, je fais l’appel. Ils répondent : « Malades ! » Je touche leur front. Mais je n’y connais rien ; je ne suis pas médecin ; je les envoie au travail à coup de pied dans le… Ils tombent sur le chantier. C’est moi qui ai l’air de les avoir tués ! Voulez-vous filer sur Montzi ! crapules ! cria-t-il à mes porteurs.

— Vous savez, lui dis-je, je n’ai engagé et payé ces hommes que jusqu’à Missafo.

— Je m’en fous bien ! Tirailleur ! je te rends responsable ; si dans deux heures les Loangos ne sont pas à Montzi, tu auras de mes nouvelles !