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TERRE D’ÉBÈNE

que d’autres, j’en conviens, mais un fil de fer traverse mon corps verticalement. J’ai poussé autour d’un fil de fer. Ah ! j’en ai épaté quelques-uns. Je veux. Je veux. J’ai voulu. Voilà mon secret. Rien n’est inaccessible à Tartass. Et j’aime le monde, mon semblable. Je suis bon, compréhensif, mais ne croyez pas que je sois désordonné ni dépensier. Il n’est pas né encore celui qui déboutonnera ma tunique. On voit bien mon portefeuille qui pointe sur le sein, mais personne n’ose y toucher. Toute la colonie le regarde maintenant avec respect. On cligne un œil d’envie de mon côté. Ça me flatte. Ah ! je suis content ! bien content !

Je suis très populaire. Mais on ne connaît pas encore Tartass. On le salue bien sur toute la ligne de Kayes à Bamako. Mais ce que l’on salue, c’est surtout son aspect extérieur, sa réputation, son passé, son présent, son avenir. L’homme, sa personnalité profonde, cela échappe à mes contemporains. Ils soupçonnent bien quelque chose, ils le voient mal. Je pèche par le savoir, je le reconnais, mais j’ai du fond. Et ce qu’il faut ici, à la colonie, c’est du fond, encore du fond, toujours du fond. Pour bien comprendre la valeur que je suis, mesurez la distance qu’il y a du zéro que j’étais à la superbe situation qui est la mienne aujourd’hui. Allez vous promener et demandez à voir mes maisons. Elles sont cinq. Toutes gagnées