Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
TERRE D’ÉBÈNE

hautes personnalités de Bamako forment mon comité. Ce sont elles qui sont venues me trouver et m’ont dit : « Tartass, il nous faut un drapeau. » Alors, je me suis déployé. Je me présente contre ce brave député d’Indre-et-Loire, M. Proust. Il est venu ici en avion. Eh bien ! personne n’a levé la tête pour le regarder, personne sinon moi, mais moi c’était pour lui dire : « Voilà ton adversaire, mesure-le bien. » J’en ai attrapé un coup de soleil sur le nez ! Je serai élu. J’ai des yeux, des oreilles, de l’odorat. Tartass voit, entend, sent. J’ai aussi…

Il était en train de me passer la tondeuse dans le cou. Il s’arrêta de tondre et de parler. Comme ce silence continuait, je me retournai. Il tirait la langue et, de son doigt, la montrait.

— Vous avez soif ? lui dis-je.

— Non, fit-il, cessant sa démonstration, mais j’ai aussi une langue, j’ai la langue de l’orateur ! Je suis bien content !

Il avisa ma propre bouteille d’eau de Cologne, s’en saisit et me frictionna.

— Une friction de cinq francs ou de dix francs ? me demanda-t-il.

Je lui fis remarquer que cette eau m’appartenait.

— Aujourd’hui il fait chaud, dit-il, je vais vous en mettre pour dix francs.

J’appris plus tard qu’il opérait toujours ainsi.