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ÉVANGÉLINE

Mais plus beau que jamais était son noble cœur,
Éprouvé longuement au creuset du malheur !


Les proscrits Acadiens que le hasard rassemble,
Assis dans le jardin, s’entretiennent ensemble
Du bonheur qu’ils goûtaient au rivage natal,
Des maux qu’ils ont soufferts depuis l’arrêt fatal.
Ils admirent pourtant l’existence tranquille
Que passe à l’étranger leur vieil ami Basile ;
Ils écoutent longtemps avec avidité,
Le récit qu’il leur fait de la fécondité
De ces prés sans confins dont la grasse verdure
Nourrit mille troupeaux errant à l’aventure.
Et quand l’ombre du soir obscurcit l’horizon
Ils revinrent gaiment causer dans la maison
Où fut servi, sans pompe, un souper confortable.
Le bon père Félix, debout près de la table,