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ÉVANGÉLINE

Ils poursuivaient en vain, dans leur course obstinée,
Celui que devant eux chassait la destinée
Comme une feuille morte au milieu des déserts,
Comme un duvet d’oiseau dans le vague des airs !
Cependant le jour fuit ; un autre, un autre encore !
Au coucher du dernier pas plus qu’à son aurore
Ils n’ont pu découvrir la trace du fuyard.
Ils ont en vain couru, longtemps, de toute part,
Les fleuves, les forêts, les lacs et leurs rivages :
Et, pour franchir ainsi ces régions sauvages,
La vierge défaillante et les vaillants rameurs
N’ont eu pour se guider que de vagues rumeurs.
Mais toujours sur les flots le léger canot vole.
Ils arrivent enfin dans la ville espagnole
Où Gabriel devait acheter des mulets.
Le jour dorait le ciel de ses derniers reflets.
Ils descendent, lassés, dans la première auberge.
Loquace et babillard l’hôte qui les héberge