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ÉVANGÉLINE

Là courent les chevreuils et les souples élans,
Les sauvages chevaux avec les loups hurlants ;
Là s’allument des feux qui dévorent la terre ;
Là des vents fatigués souillent avec mystère ;
Les sauvages tribus des enfants d’Ismaël
Arrosent ces déserts d’un sang chaud et cruel.
Et l’avide vautour, hâtant ses ailes lentes,
En tournoyant dans l’air, suit leurs pistes sanglantes,
Comme l’esprit vengeur des vieux chefs massacrés
Qui gravit le ciel par d’invisibles degrés.
De place en place on voit s’élever la fumée
Au-dessus de la tente où la horde affamée
Fait bouillir, en dansant autour du grand brasier,
Dans un vase de pierre, un chevreuil tout entier.
Et d’espace en espace, au bord des fraîches ondes
Qui sillonnent au loin ces retraites fécondes,
S’élève un vert bosquet où l’oiseau va chanter.
Et l’ours sombre et morose, en grognant, vient hanter