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ÉVANGÉLINE

Tombèrent, un par un, sur le guéret durci :
Gabriel ne vint pas ! l’hiver s’enfuit aussi ;
Le printemps embaumé s’ouvrit comme une rose ;
L’abeille butina la fleur nouvel-éclose ;
L’oiseau bleu fit pleuvoir sur les feuilles des bois
Les suaves accords de sa joyeuse voix.
Gabriel ne vint pas ! Cependant sur son aile
La brise de l’été portait une nouvelle
Plus douce que l’arôme et l’éclat des bouquets :
Que le frais coloris et l’odeur des bosquets.
« Gabriel le chasseur avait planté sa tente
Au fond du Michigan, sous la voûte flottante,
Sous les pesants arceaux des antiques forêts,
Où de la Saginaw roulent les flots muets. »
Évangéline, enfin rendue à l’espérance,
Oubliant sa faiblesse, oubliant sa souffrance,
Et tout ce qu’a d’amer une déception,
Dit un adieu pénible à l’humble mission.