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ÉVANGÉLINE

Tantôt on la voyait aux missions moraves,
Priant Dieu de briser ses terrestres entraves ;
Sur un champ de bataille aux malheureux blessés
Tantôt elle portait des secours empressés ;
Elle entrait aujourd’hui dans une grande ville,
Et demain se cachait dans un hameau tranquille.
Comme un pâle fantôme on la voyait venir,
Et souvent de sa fuite on n’avait souvenir.
Quand elle commença sa course longue et vaine
Elle était jeune et belle, et son âme était pleine
De suaves espoirs, de tendres passions :
Sa course s’achevait dans les déceptions !
Elle avait bien vieilli ; sa joue était fanée ;
Sa beauté s’en allait ! Chaque nouvelle année
Dérobait quelque charme à son regard serein,
Et traçait sur son front les rides du chagrin.
On découvrait déjà, sur sa tête flétrie,
Quelques cheveux d’argent, aube d’une autre vie,