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ÉVANGÉLINE

Elle parlait aussi quelquefois, sur sa route,
À des gens qui disaient avoir connu, sans doute,
Cet être bien aimé qu’elle cherchait en vain ;
Mais c’était, par malheur, dans un pays lointain.
— « Oh ! oui, disaient les uns, touchés de sa tristesse,
« Nous l’avons bien connu Gabriel Lajeunesse !
« Un aimable garçon dont les tristes malheurs
« Nous ont jadis, souvent, fait répandre des pleurs !
« Son père l’accompagne : il se nomme Basile :
« C’est un bon forgeron, un vieillard fort agile.
« Ils sont coureurs-des-bois ; ils sont chasseurs tous deux,
« Et parmi les chasseurs leur renom est fameux. »
— « Gabriel Lajeunesse ? il fut, disaient les autres,
« S’il nous en souvient bien, assurément des nôtres.
« De la Louisiane il franchit avec nous
« Les plaines sans confins et les nombreux bayous. »
Souvent on lui disait : « Ta misère, ta peine,
« Pauvre enfant, sera-t-elle aussi longue que vaine ?