L’infant, qui le hait parce que je le préfère à lui, parce que je refuse de recevoir ses soins, et que le comte occupe seul ma pensée.
Si vous le désirez, je le tue… J’ai chez moi, à la maison, une épée de votre comte.
Qui vous l’a donnée cette épée ?… Quand et comment l’avez-vous eue ?
J’étais au moulin, lorsqu’il passa par là à pied et fatigué ; car il avait laissé son cheval sur la route à demi mort. Je l’hébergeai et le fis dormir près de moi. Et le lendemain, en me quittant, il me donna son manteau et son épée en échange d’un habit pareil à celui que je porte.
Il a dormi près de vous ?
Oui, madame.
Et il vous a donné son manteau et son épée ?
Oui, madame.
Pauvre comte ! il fallait qu’il fût bien malheureux et qu’il eût bien peur.
Au nom de Dieu, madame, ne vous affligez pas ; car c’est le comte qui vous parle !
Ô ciel ! Prospero !… Doucement ! pas de bruit.
Ne craignez rien ; les nobles faucons sont toujours chaperonnés.
Est-ce bien vous ?
Oui, mon bien, mon cher bien, ma vie, mon âme !
Je ne le croirai pas tant que je ne vous aurai pas embrassé.
Embrassez-moi donc, alors. — Vous n’osez pas et vous êtes troublée ?
Un moment.
Qu’avez-vous ?