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La Duchesse.

Il n’y a qu’un malheur, mon ami ; c’est que mon majordome n’est pas ici,

Le Comte.

Mais vous, madame, vous m’avez compris, et vous pouvez me répondre.

La Duchesse.

L’entends-tu, Theodora ? il veut que nous réglions nos comptes ensemble.

Theodora.

Il est toujours le même ; vous le connaissez bien, madame.

LA DUCHESSE. Eh bien ! mon ami, puisque vous l’exigez absolument, je remplacerai mon majordome ; et voici ma réponse. — Vous direz de ma part à mon fermier, votre maître, que je consens à tout ce qu’il jugera nécessaire ; mais qu’il soit sans inquiétude, que le fleuve ne parviendra jamais à emporter la digue ; que ce n’est pas une digue ordinaire en mauvais bois, mais en bois de chêne solide, capable de résistance, et fortifiée par un bon ciment ; qu’aucun effort jamais ne réussira à l’emporter, à la briser, ni même à l’ébranler ; qu’il peut dormir tranquille à cet égard, que je suis sa caution ; et que les craintes qu’il a manifestées là-dessus sont d’un vilain et non d’un gentilhomme… Pour ce qui est de nos comptes, on lui écrira tant que besoin sera, et l’on recevra toutes ses lettres avec plaisir. Et maintenant, allez, — allez avec Dieu, mon ami.

Le Comte.

Puissiez-vous, madame, vivre mille années avec celui qui vous voit et vous parle en ce moment !

Il sort.
L’Infant, à Valerio.

Il dit cela pour nous deux.

Valerio.

Il a de l’esprit ce vilain.

La Duchesse.

Il m’a donné un des plus vifs plaisirs que j’aie eus depuis longtemps. Mais voilà le duc qui sort de son appartement. Votre altesse ne pardonnera…

L’Infant.

Quoi ! madame, vous nous quittez déjà !

La Duchesse.

Auriez-vous quelque ordre à me donner ?

L’Infant.

Vous pouvez vous retirer.

La Duchesse.

Viens, Theodora.

La Duchesse et Theodora sortent.