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Scène III.

La campagne près du moulin.


Entrent MADAME DE FRANCE et ALBERTO.
Alberto.

Que vous semble, madame, de ce pays ? n’êtes-vous pas satisfaite de son aspect agréable ? Regardez toutes ces plantes, ces fleurs et ces arbres chargés de fruits.

Madame.

Le noble pays d’Espagne me plaît infiniment ; et ce n’est pas peu dire, quand je viens de quitter la France, et mes parents, et ma famille.

Alberto.

Je suis charmé, madame, que ce pays vous convienne, puisque vous êtes destinée à y vivre.

Madame.

Je suis cependant surprise, seigneur, que nous soyons arrivés si près de la cour sans que le prince ni personne ne soit venu à notre rencontre. À quel motif dois-je attribuer ce manque d’empressement ?

Alberto.

Que cela ne vous afflige point, belle Fleur-de-lis. Comme nous avons voyagé secrètement, il est possible qu’on n’ait pas su notre arrivée. Nous ne tarderons pas à apprendre la cause de cette négligence… Mais voici du monde.


Entre LE ROI avec RUFINO et sa suite.
Le Roi.

Faites que l’on amène un carrosse, afin que nous retournions tous ensemble à la ville.

Alberto.

C’est le roi.

Madame.

Je me jette aux pieds de votre majesté.

Le Roi.

Non, madame et ma chère fille, dans mes bras !

Madame.

Je suis votre servante, sire ; je viens de France comme gage de l’amitié que vous porte le roi mon père.

Le Roi.

Le ciel, madame, vous a faite accomplie en toutes choses, puisque votre esprit égale votre beauté. — Comment la princesse s’est-elle trouvée de ce voyage, Alberto ?

Alberto.

Madame a un peu souffert du mal de mer les premiers jours ; mais heureusement que cela n’a rien été.