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Dulcan.

Et il dira la messe ?

Terrazas.

Oui.

Dulcan.

Je désire l’entendre. — Viens m’instruire sur le sacrifice de l’autel.

Terrazas.

Dieu te récompensera.

Dulcan.

Je ne puis faire plus en de telles circonstances.

Ils sortent.



Scène IV.

À Hayti.


Entre AUTÉ, portant une lettre et un bocal rempli d’olives.
Auté.

Il est l’heure, ce me semble, que le Père sorte de Hayti afin d’arriver demain au point du jour à Guanahami. — Pinzon m’a envoyé avec une bouteille remplie d’un fruit étranger, dont il apporta d’Espagne un plein baril. — Je meurs d’envie d’y goûter, mais je n’ose ; j’ai peur que ce démon, ce papier ne me trahisse. — Parleras-tu ? — Il ne répond pas. J’en étais bien sûr ; il garde toujours le silence au moment où je vais parler, et puis ensuite… — Si je le cachais derrière ces broussailles pour qu’il ne me voie pas ? Il ne bouge pas… il fait semblant de ne pas voir, mais je le vois par une petite ouverture. Couvrons-le. — Là, bien. Maintenant je puis manger. (Il ouvre le bocal et prend une olive.) Dieu me soit en aide ! commençons par une, après avoir ôté l’écorce. (Il mange le noyau.) C’est bien dur, et je soupçonne que cet Espagnol se sera moqué de moi. — À une autre. — Elle est de même, je m’y casserais les dents. — Mais il me vient une idée ; ce qu’il faut manger de ce fruit c’est précisément ce que je jetais, c’est l’écorce. (Il mange la chair de l’olive.) Oh ! que c’est bon ! Encore une. (Il en mange une autre.) En voilà quatre… je m’arrête ; ma gourmandise est satisfaite et aussi ma curiosité. — Essuyons-nous la bouche pour que le papier n’y connaisse rien. (Il reprend la lettre.) Mais voici l’Espagnol à qui je dois la remettre. Il n’y aura pas de bavardage cette fois.


Entre FRÈRE BUYL.
Frère Buyl.

Il est donc l’heure, mon cher Auté ? car je t’ai aperçu de loin.

Auté.

J’étais sur la plage avant le lever du soleil. — Le canot t’attend. — Voici ce que Pinzon m’a donné pour toi afin que tu fisses collation, pensant, je crois, que je te verrais le soir.