Et il dira la messe ?
Oui.
Je désire l’entendre. — Viens m’instruire sur le sacrifice de l’autel.
Dieu te récompensera.
Je ne puis faire plus en de telles circonstances.
Scène IV.
Il est l’heure, ce me semble, que le Père sorte de Hayti afin d’arriver demain au point du jour à Guanahami. — Pinzon m’a envoyé avec une bouteille remplie d’un fruit étranger, dont il apporta d’Espagne un plein baril. — Je meurs d’envie d’y goûter, mais je n’ose ; j’ai peur que ce démon, ce papier ne me trahisse. — Parleras-tu ? — Il ne répond pas. J’en étais bien sûr ; il garde toujours le silence au moment où je vais parler, et puis ensuite… — Si je le cachais derrière ces broussailles pour qu’il ne me voie pas ? Il ne bouge pas… il fait semblant de ne pas voir, mais je le vois par une petite ouverture. Couvrons-le. — Là, bien. Maintenant je puis manger. (Il ouvre le bocal et prend une olive.) Dieu me soit en aide ! commençons par une, après avoir ôté l’écorce. (Il mange le noyau.) C’est bien dur, et je soupçonne que cet Espagnol se sera moqué de moi. — À une autre. — Elle est de même, je m’y casserais les dents. — Mais il me vient une idée ; ce qu’il faut manger de ce fruit c’est précisément ce que je jetais, c’est l’écorce. (Il mange la chair de l’olive.) Oh ! que c’est bon ! Encore une. (Il en mange une autre.) En voilà quatre… je m’arrête ; ma gourmandise est satisfaite et aussi ma curiosité. — Essuyons-nous la bouche pour que le papier n’y connaisse rien. (Il reprend la lettre.) Mais voici l’Espagnol à qui je dois la remettre. Il n’y aura pas de bavardage cette fois.
Il est donc l’heure, mon cher Auté ? car je t’ai aperçu de loin.
J’étais sur la plage avant le lever du soleil. — Le canot t’attend. — Voici ce que Pinzon m’a donné pour toi afin que tu fisses collation, pensant, je crois, que je te verrais le soir.