Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/113

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vous rends point compte des fromages et des autres bagatelles, juste tribut des cœurs que vous avez gagnés… Et bon prou vous fasse à vous et à votre maison !

Le Commandeur.

Je vous remercie, représentants de Fontovéjune ; vous pouvez vous retirer.

Estévan.

Reposez-vous maintenant, seigneur, et soyez le très-bien venu ! Les arcs de joncs et de feuillage, que vous voyez à votre porte, auraient été formés de perles et de pierres précieuses, si notre ville avait pu faire pour vous la moitié seulement de ce que vous méritez.

Le Commandeur.

Je crois à votre affection, messeigneurs[1]. Que Dieu vous accompagne !

Estévan.

Allons, chanteurs, encore une fois la reprise !

Musiciens.

Qu’il soit le bienvenu
Notre commandeur,
Qui tue les gens
Et conquiert les villes.

Ils sortent.
Le Commandeur

Attendez un moment, vous deux.

Laurencia.

Qu’ordonne votre seigneurie ?

Le Commandeur.

Encore les dédains de l’autre jour !… et avec moi !… Vive Dieu ! ce n’est pas mauvais.

Laurencia.

Est-ce à toi que monseigneur parle, Pascale ?

Pascale.

Non pas. Dieu m’en préserve !

Le Commandeur.

C’est à vous, petite cruelle, et aussi à cette autre jeune fille… N’êtes-vous pas à moi ?

Pascale.

Oui, seigneur, mais pas comme vous l’entendez.

Le Commandeur.

Allons, allons, entrez chez moi, mes belles : il y a du monde, n’ayez pas peur.

Laurencia.

À la bonne heure si les alcades étaient entrés, j’aurais pu les suivre étant la fille de l’un d’eux ; mais sans cela…

  1. Assi lo creo, señores.