Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/182

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Lida.

Dis-moi. — Quand on aime, obéit-on ?

Bato.

Oui. — Aimer, c’est obéir.

Lida.

Eh bien, va-t’en.

Bato.

Doucement… je m’en vais. Je vais me cacher derrière ces arbres.

Il se cache.


Entre BENJAMIN.
Benjamin.

Tu auras beau fuir, je te suivrai, quand bien même tu aurais les ailes légères du vent.

Lida.

Arrête, Benjamin.

Benjamin.

Je poursuis une chevrette que j’ai blessée.

Lida.

Elle est ici rendue, rendue à ta beauté, qui est, elle aussi, une arme redoutable. Ne poursuis point ton autre proie. — Donne-moi ta main, cette main fraîche comme la neige, et qui doit calmer les feux qu’allume ta beauté.

Benjamin.

Non, Lida, adieu. Laisse-moi courir ; sans quoi je craindrais que l’animal ne s’élançât dans la rivière, ou ne montât sur quelque rocher escarpé.

Lida.

Reste, reste avec moi, aimable Benjamin.

Benjamin.

Laisse-moi, ne sois pas importune… Je n’entends rien aux choses d’amour.

Lida.

Eh bien, accorde-moi une seule faveur, et je serai satisfaite.

Benjamin.

Que veux-tu donc ?

Lida.

Laisse-moi couper une boucle de tes riches cheveux.

Benjamin.

Non pas ! je craindrais qu’ils ne fussent l’objet de quelque maléfice. — Adieu, adieu, Lida.

Il sort.
Lida.

Je me meurs.


Entre BATO.
Bato.

Il paraît que nous avons tous deux même fortune. Ah ! maintenant, ingrate Lida, je connais le motif de ton indifférence.