Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombée malade. Et pour conjurer l’Amour, et afin qu’il me laissât arriver sans tache à l’autel de l’Hymen, je lui ai fermé les yeux avec de l’or.

Le grand Maître.

À merveille !… Par l’habit de saint-Jacques ! j’ai là sur mon cœur des bijoux, des reliques que j’estimais tant, que peut-être je ne les eusse pas données à mon frère… Je prie Dorothée de les accepter.

Le Roi.

Maintenant partons.

Henri.

Je suis tout ému.

Le Roi.

Mais avant de sortir, je désirerais que l’aimable maîtresse de ces lieux voulût bien nous dire quel est celui de nous trois qui lui plairait le plus.

Le grand Maître.

C’est juste.

Dorothée.

Interrogez la renommée.

Le Roi.

Je m’en rapporte à vous.

Dorothée.

Vous l’exigez ; j’obéis. — De vous trois, seigneurs cavaliers, le plus puissant et celui à qui nul autre ne peut se comparer, c’est le roi. Le plus brave dans les rencontres de nuit, c’est le grand maître. Et celui dont la tournure a le plus d’élégance, c’est l’infant don Henri. S’il m’était permis d’aspirer si haut, je voudrais que les trois n’en fissent qu’un, et je le choisirais.

Le Roi.

Quelle femme singulière !

Le grand Maître.

Elle est étonnante.

Henri.

Et moi, je vous prie d’accepter ce souvenir.

Dorothée.

Permettez-moi de vous le dire, en rougissant : Je n’oublierai jamais votre altesse.

Le Roi.

Elle est ravissante.

Le grand Maître.

Je n’ai jamais rien vu de pareil.

Henri.

Elle est toute d’or.

Ils sortent.