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JOURNÉE II, SCÈNE V.

Don Juan.

Alors je retourne à Dorothée. J’aime encore mieux avoir un roi pour second auprès d’une femme adorable, que je ne sais quel cavalier auprès d’une femme que je n’aime pas, et à laquelle le seul dépit m’a fait adresser mes vœux.

Léonel.

Qu’en dis-tu, Chacon ?

Chacon.

Notre maître a raison, — et s’il n’avait pas eu la simplicité de donner des bijoux à celle-ci… Mais nous les rattraperons. Nous en trouverons le moyen.

Don Juan.

Frappe à cette porte, Chacon.

Chacon.

Ne vaudrait-il pas mieux frapper à celle de Marcèle, ou entrer chez elle par force, et lui arracher des bras son galant à coups de nerf de bœuf ?

Don Juan.

Voilà un exploit un peu compromettant. Si je l’aimais, passe encore !… Non, Chacon, frappe à cette porte.

Chacon.

Avec quel aimable dédain la Belle va vous recevoir, lorsqu’elle vous verra revenir en suppliant !

Don Juan.

L’amour m’y oblige, et de sa part je veux tout supporter.

Léonel.

Silence ! voici du monde.


Entrent LE ROI, LE GRAND MAÎTRE et DON ARIAS.
Chacon.

Seigneur, ce sont trois hommes.

Don Juan.

Eh bien, quand ils seraient quarante !

Le Roi.

Il y a du monde, je crois.

Le grand Maître.

N’importe !

Le Roi.

Le grand maître est toujours prêt à dégainer.

Don Arias.

Ici rien ne l’y oblige.

Le Roi.

Moi-même, malgré mon titre de roi et la prudence qu’il me commande, je ne hais pas non plus à jouer un peu de l’épée.

Don Arias.

On le sait bien, seigneur ; et j’aimerais mieux, pour moi, avoir affaire à une vingtaine de braves qu’à votre majesté.