Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/301

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Citron.

Mais, monseigneur, puisque la justice nous a pris notre argent, nous ne pouvons pas refuser celui qu’on veut bien nous prêter. (À Inès.) Donnez, ma belle ; car, de vrai, nous n’avons pas de quoi dîner aujourd’hui.

Inès, à don Juan.

Puis-je le lui remettre ?

Citron.

Comment donc ? J’ai tout pouvoir… quand même ce serait le trésor de Venise.

Don Juan.

Soit !… Après tout, ce serait se montrer ingrat envers une main si généreuse. — Mais ne saurai-je point qui est cette dame ?

Inès.

Si vous vous conduisez bien, vous le saurez plus tard.

Don Juan.

Croyez-le, ma naissance est des meilleures.

Citron.

Il est inutile de parler de ces choses-là ; on n’a pas envoyé ici mademoiselle pour apprendre votre généalogie. (À Inès.) Maintenant, vous pouvez repartir quand vous voudrez. Revenez dans une heure avec la même somme, et vous serez reçue avec le même plaisir.

Inès.

Est-ce que monseigneur ne veut pas me donner un mot de réponse ?

Don Juan.

Ce coquin a juré de ne pas me laisser parler ! — Oui, certes, je voudrais écrire, car ce serait par trop grossier de laisser sans réponse une lettre si aimable. — J’ai vu dans la pièce voisine de l’encre et du papier.

Inès.

Ma maîtresse sera ravie, et j’aurai, je suis sûre, une bonne étrenne.

Don Juan.

J’y vais et je reviens.

Il sort.
Citron.

Puisque nous voilà seuls, voulez-vous, ma charmante, faire plus ample connaissance… si toutefois un galant homme peut vous donner dans l’œil.

Inès.

Je crains fort d’avoir affaire à un mauvais sujet, et vous m’avez l’air suspect.

Citron.

Vous êtes singulières, mesdames. — Un joli garçon comme moi,