Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/32

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Phénice, de même.

Nous verrons. C’est une lâcheté, Célia, que de s’attaquer à un pauvre jeune homme naïf et crédule. Je préfère lutter de ruse avec un fin matois… Ah ! celui-ci a mis sa chaîne de côté !

Célia, de même.

Et si vous la pêchez, ce ne sera pas sans peine.

Phénice, de même.

Nous verrons, te dis-je. Il n’est pas facile, je l’avoue, de tromper un luron si cauteleux ; mais j’emploierai les grands moyens, et il tombera dans mes piéges.

Lucindo, bas, à Tristan.

Que crains-tu ?

Tristan, bas, à Lucindo.

Mille tours de son métier. Tenez-vous bien !

Lucindo, de même.

Tu es fou, puisque tu gardes mon argent, mes bagues et ma chaîne.

Phénice

Ô Circé ! inspire-moi.

Célia, de même.

Vous voulez donc absolument essayer un appât ?

Phénice, de même.

Je risquerai du moins un premier hameçon. (Haut.) Que l’on apporte la collation. (À Lucindo.) Asseyez-vous là, mes amours, près de moi.

Célia sort.
Lucindo, à part.

Il y a peut-être sous toutes ces prévenances et sous toutes ces flatteries quelque artifice caché. Mais que puis-je perdre à m’asseoir ?

Il prend un fauteuil.
Tristan, bas, à Lucindo.

Comment ! vous vous asseyez !

Lucindo, bas, à Tristan.

Tais-toi, imbécile.

Il s’assied.
Phénice.

Parlez-moi donc un peu, ma chère vie. Un mot de votre bouche fera ma joie ou ma douleur.

Lucindo.

Que vous dirai-je ?

Phénice.

Que ce soit vrai ou non, dites-moi : Je vous aime.

Lucindo.

Certes oui, — je vous aime.