Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/323

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Don Juan.

Ôtez, je vous prie, votre gant, et me laissez baiser votre main.

Léonarda.

Bien qu’il ne soit pas poli de vous la présenter avec le gant, c’est ainsi seulement que je puis vous l’offrir.

Don Juan.

Quoi ! pas même la main sans voile !… Mais quoique mon amour en doive murmurer, vous avez raison ; car les objets de prix, les diamants et les perles, ne doivent s’offrir qu’enveloppés. — Et je baise cette main divine en disant : « Sauf le gant. »

Léonarda.

Soyez persuadé, don Juan, que mon âme s’emploiera pour faire tomber les voiles qui me cachent à vos yeux. — Adieu, seigneur.

Inès.

Ils ont fini, je crois.

Citron.

Il me le semble aussi.

Léonarda.

Partons, Inès.

Inès.

Adieu.

Citron.

Le ciel te protége !

Léonarda et Inès sortent.
Citron.

De quoi avez-vous causé tous deux ?… Est-elle jeune et belle ?… comment est-elle ?

Don Juan.

Est-ce que je l’ai vue ?

Citron.

Quoi ! vous ne l’avez pas vue !

Don Juan.

Elle n’a pas voulu découvrir son visage.

Citron.

Un homme parler ainsi ?… Oh ! si c’eût été moi !

Don Juan.

Je n’aurais point voulu me rendre coupable d’un acte discourtois. — Jusqu’à sa main, elle me l’a donnée recouverte d’un gant.

Citron.

Je ne me suis pas trompé ; c’est bien ce que je croyais. — La main soigneusement gantée ! cela ne me dit rien de bon, et m’est avis qu’elle a la gale. — Enfin qu’avez-vous décidé ?

Don Juan.

Un amour sans fin. Et cette nuit je vais la voir.

Citron.

Elle vous a dit sa maison ?