Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/329

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Don Juan.

C’est la maison que m’a indiquée cette dame, et je vois à la fenêtre d’en bas le signal convenu.

Citron.

Voilà une drôle de plaisanterie.

Don Juan.

Qui ne me fait pas rire du tout, vive Dieu !

Citron.

Qu’importe ! il payera les frais.

Don Juan.

À moi cela me coûte l’âme.

Citron.

Quelle peut être cette femme-là ?

Don Juan.

Puisque don Louis lui rend des soins, il n’en faut pas douter, elle doit être belle.

Citron.

Tant mieux, puisque vous n’êtes pas son mari.


Entre LÉONARDA ; elle paraît à une fenêtre du rez-de-chaussée.
Don Juan.

La voilà !

Léonarda.

Est-ce vous ?

Don Louis.

C’est moi.

Léonarda.

Mon bien, quel bonheur !

Don Louis.

Oui, quel bonheur pour moi !

Léonarda.

Comment vous trouvez-vous ?

Don Louis.

Comme un homme à qui vos bontés rendent la vie.

Don Juan.

Et don Louis qui m’amène ici pour faire le guet, tandis qu’il est en tête-à-tête avec la femme que j’aime !

Citron.

C’est peut-être une autre femme.

Don Juan.

Non pas ; ces signes disent clairement que c’est elle.

Citron.

Ce qui me console pour vous, c’est le souvenir d’une aventure arrivée un jour à un de mes amis qui avait de même un rendez-vous sous une fenêtre du rez-de-chaussée. Il n’est pas agréable, je vous assure, de se dresser énergiquement sur les pieds, de lever la tête tant qu’on peut, et puis d’embrasser un visage barbu.