Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/338

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Citron.

C’est bon à dire pour vous, mais pas pour moi.

Don Louis.

Elle a de beaux yeux ?

Don Juan.

Je n’ai pas encore eu le bonheur de les voir.

Citron.

Moi, j’ai vu ceux d’Inès.

Don Louis, à Léonarda.

Puisque je vous trouve ici, madame, c’est à vous que je demande mon étrenne pour la mise en liberté de don Juan. (Léonarda étend vers lui la main, et, sans dire un mot, lui donne une bague.) Que me donnez-vous là ?… une bague, bon Dieu !… une bague avec un diamant ! — Eh bien, je l’accepte, tout en étant fâché d’un silence si peu bienveillant.

Léonarda et Inès sortent.
Don Juan.

Vous les connaissez sans doute ?

Don Louis.

Elles n’ont pas été fort gracieuses pour moi.

Don Juan.

Quant à moi, je n’ai pas à me plaindre. Je veux périr de male mort si jusqu’à ce jour je les ai vues et si je sais leur nom.

Don Louis.

Je vous crois. Mais venez, nous dînerons ensemble, puisque enfin vous voilà libre.

Don Juan.

Moins que jamais, seigneur ; car me voilà votre esclave pour la vie.

Don Louis.

Et moi votre ami dévoué. (Au Greffier.) Donnez à l’alcayde le mandat de sortie.

Le Greffier.

J’attendais le cadeau d’usage.

Don Juan.

Le voilà. — Et pour l’alcayde, voilà une chaîne.

L’Alcayde.

Vous enchaînez à jamais l’homme qui vous a gardé prisonnier.

Citron.

Il n’y a pas de chaînes plus fortes que les chaînes d’or.

Don Juan, bas, à Citron.

Eh bien, qu’en dis-tu ? Maintenant que j’ai vu, puis-je aimer ?

Citron, de même, à don Juan.

Maintenant, oui ; mais avant d’avoir vu, c’était une folie.