Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/35

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Phénice.

Qu’avez-vous à me dire ?

Lucindo.

Comme je manquais d’argent, j’ai envoyé Tristan pour la vendre.

Tristan, à part.

Pas si mal ! (Haut.) En effet, je l’ai portée dans la maison d’un certain cavalier.

Phénice.

Et quel prix vous en a-t-il donné ?

Tristan.

Il était sorti, et je l’ai laissée chez lui pour qu’il la voie.

Phénice, à part.

Ce coquin-là me pénètre ; mais je les repêcherai plus tard. (À Lucindo.) Qu’il ne soit plus question de cela, mon amour. (Appelant.) Célia !

Célia, du dehors.

Madame ?

Phénice.

Arrivez donc.


Entrent CÉLIA, deux Domestiques et un Écuyer.
L’Écuyer a la serviette sur l’épaule ; il porte sur un plateau un bocal de confitures, une tasse, une soucoupe, etc., etc.
Phénice.

Allons, ma chère vie, mangez un peu, de grâce. — Va, Célia, et apporte-moi ici mon pupitre. (Célia sort.) Mangez donc quelques friandises, ô maître de mon âme ! mangez, puisque vous êtes le seigneur de ce logis.

Tristan, à part.

Que ces domestiques sont bien tenus !

Lucindo, appelant.

Tristan ?

Tristan.

Seigneur ?

Lucindo, bas, à Tristan.

Tu t’abuses grandement à ne pas croire que cette dame soit une personne principale.

Tristan, de même.

Jusqu’ici j’ai eu assez mauvaise opinion d’elle, j’en conviens ; mais je reconnais que j’ai eu tort, et je vous demande pardon de mes pensées.

Phénice, à Lucindo.

Est-ce que vous ne buvez pas ?

Lucindo, aux domestiques.

Que l’on me donne à boire.

Tristan, bas, à Lucindo.

Ç’a été déjà assez imprudent à vous de manger.