qui m’arrête ici ?… Je vais à Madrid, je l’atteindrai aujourd’hui même.
Que concluez-vous, seigneur ?
Que celui qui aime doit se taire.
Scène IV.
J’en perdrai la raison.
Puissiez-vous ne faire jamais de perte plus considérable !
Ah ! belle Léonarda !
Ah ! gentille Inès !
Te souvient-il, dis-moi, de ces beaux yeux et de ces dents de perles ?
Où diable aura-t-on mis cette mule ? où l’aura-t-on renfermée pendant que nous étions nous-mêmes en prison ? à peine si elle peut nous suivre.
Quelles folies !
Nous n’avons pu la monter ni l’un ni l’autre. Dès qu’elle a senti l’éperon, la voilà aussitôt faisant des entrechats, dansant le menuet et caracolant d’une manière étonnante.
Je ne suis pas d’humeur à entendre tes sottises d’ici à Madrid.
Ou elle est malade de la fève[1], ou elle a eu du chagrin de quitter son étable de Séville. Voyez son air contemplatif ! elle enchanterait un poëte, ou un de ces astrologues qui donnent aux étoiles des noms de chevaux, de poissons, de taureaux, de moutons, que sais-je ? et qui vous disent qu’il y aura dans l’année peu de blé, force lentilles, des puces, des maux de dents, des mariages, des guerres et des morts ; comme s’il n’y avait pas de tout cela chaque année depuis que Dieu a fait le monde !
- ↑ Maladie des chevaux, dont le siége est dans la bouche.