Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/72

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Dinarda.

Volontiers. Mais, je vous en préviens, vous n’y trouverez ni beaux meubles, ni rideaux à franges d’or, ni tentures de France, ni secrétaires d’Allemagne, ni parfums de Portugal ; vous n’y trouverez qu’un dévouement sincère et profond, et les plus vifs désirs.

Phénice.

Mon amour en sera plus heureux et plus flatté que de voir le trésor de Venise, ou le palais de Florence, ou l’Aranjuez de votre roi.

Dinarda.

Entrez donc, ma douce déesse.

Phénice et Dinarda sortent.
Bernardo.

Les voilà parties ensemble ?

Fabio.

Oui ; cela est bizarre.

Bernardo.

Il y a là-dessous quelque ruse, puisqu’elles s’éloignaient en se faisant des compliments l’une à l’autre.

Fabio.

Pour moi, d’après ces indices, je commence à changer de sentiment.

Bernardo.

Moi, je n’en changerai que quand j’aimerai ailleurs une autre femme. Au reste, je ne tarderai pas beaucoup. Ah ! Célia !

Fabio.

Que lui veux-tu ? J’ai pensé à elle avant toi.

Bernardo.

Crois-moi, Fabio, n’allons pas nous quereller. Mes droits sont égaux aux tiens. Et puis je suis d’avis qu’il vaut mieux que nous tâchions de la conquérir à nous deux ; car, à nous deux, nous ne sommes pas trop pour une femme.

Ils s’approchent de Célia et la mettent entre eux deux.
Fabio.

Célia !

Bernardo.

Célia !

Célia.

Que me voulez-vous ?

Bernardo.

Je t’aime !

Fabio.

Je t’adore !

Bernardo.

Moi, je soupire matin et soir.

Fabio.

Moi, je pleure sans cesse.