Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À dire vrai, nous rendons aux services des frères toute la justice qu’ils méritent, et nul n’admire plus que nous leur dévouement et leurs succès. Mais, s’ils devaient lutter long-temps avec cette ténacité contre l’action des conseils municipaux, des comités et de l’administration qui leur a montré tant de bienveillance, ce n’est pas d’eux que j’attendrais pour l’avenir la prospérité de l’instruction primaire. Les écoles normales seront mal dirigées, ou elles fourniront bientôt aux villes des instituteurs plus habiles que les frères : leurs études seront plus fortes, le département qui aura supporté les frais de leur instruction voudra en recueillir les fruits : ce seront les enfants du pays ; ils y seront mieux connus et plus stables ; ils se soumettront sans contrainte aux exigences de la loi ; ils auront plus d’intérêt à complaire aux magistrats municipaux dont leur sort peut dépendre ; ils ne connaîtront d’autre chef que leurs supérieurs selon la loi. Au moment où la commune croira pouvoir compter sur leurs services, on ne les verra pas tout-à-coup rappelés par des lettres d’obédience, et remplacés par des hommes nouveaux (272) ; en un mot, on saura mieux à qui l’on a affaire, et les esprits timides n’auront plus à s’alarmer d’un pouvoir dont l’action, selon nous, est salutaire, mais dont les principes et la direction auront long-temps, aux yeux de bien des gens, le tort de rester enveloppés de mystères.

Quant aux communes rurales, elles n’ont jamais pu compter sur les services des frères. La condition qu’ils observent de toujours aller s’établir trois ensemble dans les localités où ils sont appelés, rend ce mode d’enseignement trop dispendieux pour les campagnes. Aussi, dans plusieurs départements, des associations à l’instar des frères de la doctrine chrétienne, se sont formés dans le but de donner des instituteurs aux communes