Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/120

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l’ont traqué si vivement dans leurs confins, ont tellement terrifié les instituteurs par leurs injonctions et leurs menaces, que presque toutes les écoles sont devenues, du jour au lendemain, ou mutuelles ou simultanées, et nous avons vu de très-honnêtes gens se frotter les mains et s’applaudir devant nous d’avoir banni le mode individuel d’une école de huit ou dix enfants que nous avions sous les yeux.

Ces personnes faisaient là, à très-bonne intention, une amélioration très-mauvaise. Quand le mode individuel ne vaut-il rien ? Aussitôt que le simultané devient possible. Quand le mode mutuel est-il préférable ? Aussitôt que le simultané n’est plus possible. Une école simultanée de dix élèves est une plaisanterie : une école mutuelle de vingt élèves est une dérision. Divisez donc dix élèves en cinq classes, dont chacune aura un premier de table. Découpez donc une école de vingt élèves en huit classes dont chacune aura son moniteur. Réduite à ces termes, la question est bien simple : il suffit, pour déterminer sa préférence, d’examiner le nombre des enfants qui peuvent fréquenter l’école : la méthode est par là tout indiquée (295).

Que si, indépendamment de toute circonstance d’application, on demande théoriquement quel est le meilleur principe de ceux qui font la base du mode individuel, du mode simultané, du mode mutuel, voici notre réponse :

L’enseignement individuel est en principe le meilleur. Quand un maître concentre sur un seul enfant toute la force de son attention, qu’il étudie ses dispositions naturelles, son caractère particulier, pour y approprier son enseignement, il a bien plus de chances de succès que lorsqu’il disperse ses soins sur des collections d’enfants appelées classes ou divisions (296). Mais, aussitôt, que le nombre des enfants confiés à un