Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/154

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des ministres de la religion au secours de cette bonne œuvre. Souvent, dans le même arrondissement, pendant que le curé de ce bourg encourage les enfants à parler le patois de leurs pères (396), son voisin en combat l’usage (397). Celui-ci repousse (398), cet autre sollicite les distributions de livres faites par le Ministre (399). L’un ne veut pas entendre parler d’instruction primaire (400), et donne le conseil aux familles d’envoyer plutôt leurs enfants mendier le pain de l’aumône (401), l’autre réunit lui-même les enfants dans l’école ; il les enseigne (402), il les nourrit (403), il abandonne à l’instruction primaire la meilleure part de son logis (404), il lui paie la dîme de son blé (405).

Et nos lecteurs remarqueront qu’en général les reproches faits à certains ecclésiastiques, ne sont pas concluants pour la question : à part quelques exemples plus rares là qu’ailleurs, il n’y a point antipathie contre l’instruction en elle-même : il y a plutôt la crainte que la source n’en soit empoisonnée (406).

« Toutes les écoles de ce pays, dit un inspecteur, sont entre les mains des desservants, qui attirent auprès d’eux les enfants les plus riches du pays, et ajoutent ainsi à leurs honoraires quelques cents francs enlevés à l’instituteur de la commune. » C’est un abus, et qui répugne au désintéressement de leur ministère. Mais on ne saurait y voir la preuve qu’ils sont hostiles à l’instruction (407).

« Les prêtres, dit un autre, sont ici bien exigeants : ils usent de leur autorité sur l’instituteur, ordinairement le chantre ou le sacristain de la paroisse, pour lui imposer la condition de conduire deux fois par jour son école à l’Église, et, comme l’heure de la messe n’est point régulière, le maître n’est jamais sûr de n’être point interrompu au milieu de l’exercice commencé. » C’est encore