Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/214

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tagnes, pauvres et pressés par le besoin, s’occupent constamment, et autant que le leur permet un climat variable et souvent rigoureux, à une culture toujours laborieuse et quelquefois infructueuse. À peine ont-ils recueilli leur récolte qu’ils doivent songer aux labours, aux semailles, et trop ordinairement à rétablir leurs petits champs, sur les roches dénudées par les pluies orageuses de l’été et de l’automne ; ils sont obligés de transporter péniblement, du fond des ravins, sur les hauteurs accessibles, les terres et les engrais, espoir de leur existence.

Aube ; arr. d’Arcis-sur-Aube, cant. de Ramerupt. — Les pères aiment mieux employer les enfants, pendant la belle saison, aux travaux de la campagne, aux soins domestiques. Les écoles sont donc abandonnées six mois sur douze.

Aube ; arr. de Bar-sur-Aube, cant. de Bar-sur-Aube. — C’est pour les travaux que les parents enlèvent leurs enfants à l’école ; les uns dès le mois de mars, les autres en avril et en mai, et tous, pendant l’été, si ce n’est quelques marmots dont ils ne peuvent tirer avantage, et qu’ils laissent chez l’instituteur, comme chez un gardien.

Aube ; arr. de Troyes. — La vacance des classes pendant l’été est un mal presque nécessaire ; les parents envoient leurs enfants à tous les travaux que leurs forces permettent de tirer d’eux. Quelques-uns, plus riches, les enverraient bien à l’école toute l’année, mais le maître ne tiendrait pas la classe pour si peu d’élèves : il faut qu’il gagne sa vie ; presque tous ont un métier, sans lequel ils mourraient de faim. Cependant, j’ai vu quelques écoles parfaitement tenues (Auxon, Ervy, Saint-Pha (canton d’Ervy), Maraye, Saint-Mardi, Rigny-le-Ferron (canton d’Aix-en-Othe), Chénegy (canton d’Estissac), dans lesquelles il y a des élèves toute l’année.

Gard ; arr. d’Alais. — Nous avons reconnu que le peu de temps que les enfants passaient chaque année dans les écoles, au moins dans les communes rurales, nuisait considérablement à la prospérité des écoles. Ce mal est incurable. Lorsque les parents ont toutes les peines du monde pour vivre, eux et leur famille, des travaux de la famille entière, on ne peut raisonnablement espérer que les parents puissent se passer, pendant deux ou trois années consécutives, des bras bien faibles encore de leurs enfants. Ces bras, quoique faibles, remplacent des bras vigoureux pour une infinité de travaux, lorsque la saison demande impérieusement tous les bras.

Ain ; arr. de Bourg, cant. de Coligny et de Saint-Triviers-de-Courtes. — Un autre obstacle non moins grand, c’est que les élèves, en général, ne fréquentent les écoles que pendant quatre ans environ, et quatre mois par an (novembre, décembre, janvier et février), et,