Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/217

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Ariège ; arr. de Foix, cant. de Vicdessos. — La vallée de Sos, presque toute peuplée d’hommes occupés, de temps immémorial, de l’extraction du minerai qui alimente les forges de l’Ariège et des lieux circonvoisins, présente une physionomie toute particulière. Le principe aristocratique y a jeté de profondes racines, ainsi que partout où le sol est rétréci, et les héritages à peu près indivisibles ; mais on y trouve en même temps un amour ardent de l’indépendance, qui souvent dégénère, chez les mineurs, en insubordination et en révolte. Pour contenir dans l’ordre ces forçats volontaires, on a besoin de règlements rigoureux, et d’une surveillance soutenue. La montagne de Rancié, richesse du pays, leur appartient, pour ainsi dire, en propre, ou du moins, ils peuvent seuls l’exploiter, par suite des concessions faites, dès les onzième et douzième siècles, par les comtes de Foix. Les habitants de Gaulier, Albier et Seur sont principalement fiers d’un privilége qui les fait vivre assez à leur aise, mais qui, tous les jours, à tous les instants, met leur vie en danger. Les accidents sont fréquents à Rancié, et plusieurs de ces ouvriers praticiens périssent écrasés par des éboulements inévitables, dans les entrailles de cette montagne, objet de leur orgueil et source féconde et inépuisable de leur fortune viagère. Pour se livrer à ces pénibles travaux, il faut s’être habitué de bonne heure à la fatigue et au mépris des souffrances et de la mort ; aussi, les mineurs sont-ils très-égoïstes. Comme ils savent que leurs jours sont continuellement menacés, ils cherchent à charmer leur existence par tous les plaisirs qui sont à leur portée : ils sont gros mangeurs ; ils boivent avec excès, sans cependant s’abrutir entièrement ; ils apprécient l’homme qui a des connaissances, mais ils ne voudraient pas se donner la peine d’en acquérir, et ils ne s’en estiment pas moins : ils ont d’avance disposé l’emploi de leur temps : leur en ravir la moindre partie, pour un objet étranger à leurs occupations ordinaires, serait les tourmenter, les affliger. Il faut donc que les écoles, dans cette partie du canton, soient pour ainsi dire à leur chevet. Les enfants étant admis à faire leur volte avec leurs pères, ce n’est que le matin, avant le travail, et le soir, à la sortie de la mine, qu’ils pourront prendre leurs leçons. Les parents ne voudraient pas consentir à se priver d’un secours indispensable à leurs familles ; voilà la cause qui a éloigné de ces villages les instituteurs, et les bons instituteurs. Dans l’autre partie du canton, et principalement à Vicdessos et à Auzat, où il y a des propriétaires aisés, et où il se fait un certain commerce, outre le commerce de fer, l’instruction est plus généralement répandue, plus généralement recherchée.

Cantal ; arr. de Mauriac, cant. de Marcenat. — Mongrelaix est une commune d’une très-faible population et totalement privée de ressources. La température y est si variable et si froide que, souvent, les seigles n’arrivent pas à la maturité.

Cantal ; arr. de Mauriac, cant. de Marcenat. — Dans la saison rigoureuse, les familles entières, père, mère et enfants désertent leurs