Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/236

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voyager dans les montagnes. Quelles que soient son ardeur et sa jeunesse, il sent qu’il lui est impossible de franchir certains ravins, de gravir certaines hauteurs. Pour des guides, il ne doit guère s’attendre à en trouver dans un pays où le mauvais temps dégrade sans cesse les chemins, et où une neige abondante cache si souvent de fortes dépressions de terrain, de profondes ornières, de récentes excavations dans lesquelles hommes et chevaux peuvent rester long-temps engagés, sinon être engloutis tout-à-fait. C’est cette difficulté de communications, non-seulement entre des communes voisines, mais même entre des sections d’une même commune, qui, long-temps encore, sera un obstacle à ce que plusieurs petits villages se cotisent volontairement pour avoir une école commune.

Aveyron ; arr. de Rhodez. — L’instruction primaire est, en général, très-négligée dans toute l’étendue de l’arrondissement de Rhodez ; sur les soixante-dix communes qu’il renferme, trente-deux manquent d’instituteurs ; et les trente-huit qui en sont pourvues, sont loin de trouver, dans les maîtres qu’elles possèdent, les ressources qui leur seraient nécessaires ; ainsi, la loi du 28 juin dernier, en donnant un instituteur aux communes qui n’en ont pas, ne satisfera point aux besoins du pays. Les mairies de cet arrondissement sont toutes fort étendues, et plusieurs d’une circonscription fort irrégulière ; elles se composent de trois, quatre et quelquefois cinq villages fort éloignés les uns des autres, et souvent séparés par des ruisseaux et des précipices qui rendent les communications très-difficiles en toute saison, mais surtout en hiver. Un instituteur ne peut, par conséquent, se rendre utile qu’au tiers ou au quart de la population d’une commune ; c’est d’après cette considération qu’un grand nombre de conseils municipaux ont refusé de voter le traitement prescrit par la loi du 28 juin.

Cantal, arr. de Mauriac, cant. de Pleaux, comm. de Vigeau. — Le chef-lieu de la commune de Vigeau n’a que quatre maisons. Il est au centre de la commune, mais fort éloigné des villages, qui occupent une vaste circonférence ; de sorte que, d’après le rapport du maire de Vigeau, il est probable que l’instituteur communal ne réunira que le tiers des enfants de la commune, sur quelque point qu’il se trouve placé.

Charente ; arr. de Confolens. — L’insouciance des parents, les résistances, les parcimonies communales, les jalousies de localités, les hostilités d’un certain parti, l’égoïsme de certains habitants, qui craindront que le fils de leur colon, de leur petit voisin, ne devienne plus capable que les leurs, seront des obstacles à l’établissement des écoles primaires, surtout pour la réunion de deux ou plusieurs communes : chaque maire voudra que la résidence de l’instituteur soit fixée dans sa commune. (Voy. aussi 122, Lot, )