Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/24

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d’enfants n’a d’autre secours pour respirer l’air qu’une croisée de la grandeur d’un carreau (16), le résultat le moins fâcheux qu’on puisse en attendre, c’est que l’instituteur donne lui-même à ses élèves l’exemple d’un sommeil de plomb contre lequel il ne peut lutter longtemps (17). Mais il n’en est pas ainsi : des accidents plus graves ne peuvent manquer de se produire souvent. L’enfance est l’âge où les précautions de ce genre sont le plus nécessaires, et combien la privation d’un air pur doit-elle être plus préjudiciable encore à la santé de ces jeunes campagnards, arrachés tout-à-coup à l’air libre des champs, et transportés d’un ciel ouvert dans ces prisons étouffantes (18), dans ces cloaques étroits, infects (19), mal sains (20), où le jour pénètre à peine (21). Notre intention n’est pas ici de calculer tous les accidents partiels qui ne peuvent manquer d’être produits chez de si jeunes enfants par la nécessité d’escalader une échelle pour monter à la classe (22), j’allais dire au grenier, par ces portes, ces toits, ces fenêtres ouverts à tous les vents (23), ce sol humide, sans carreau, sans pavé, sur lequel reposent leurs pieds nus (24) ; ces plafonds menaçants qu’une bûche salutaire dressée pour les soutenir ne défend pas long-temps contre une ruine inévitable (25). Mais, quoique de pareils inconvénients vaillent bien la peine d’attirer l’attention des autorités et du gouvernement, j’insisterai seulement sur les rapports uniformes d’un grand nombre d’inspecteurs qui n’hésitent pas à voir, dans ces foyers d’infection, la cause d’une foule de maladies graves, épidémiques, quelquefois annuelles, qui attaquent la jeunesse des écoles.

« Cette grande réunion d’enfants, presque tous malpropres et souvent entassés les uns sur les autres, répand une odeur insupportable à l’homme le plus vigoureux. Cette infection de l’air est encore aug-